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Lazarus 12
9 juin 2015

La politique du pire

À gauche, la priorité est d’éliminer Sarkozy. L’élection de Marine LePen ne serait plus une catastrophe, dès lors qu’elle ne disposerait pas d’une majorité parlementaire. La gauche “parisienne” a fait une croix sur François Hollande : ou bien il ne se représentera pas, ou bien il ne sera pas au second tour de la présidentielle. Quel est donc son recours ? C’est de plus en plus clair : Alain Juppé. Et si celui-ci n’était pas candidat (parce qu’il n’aurait pas emporté la primaire de la droite), alors elle s’abstiendrait. Au risque de faire élire Marine Le Pen ? Oui. Et c’est Pierre Bergé qui a vendu la mèche l’autre jour au club de la presse d’Europe 1. Président du conseil de surveillance de la Société éditrice du Monde, président de la fondation qui porte son nom et celui d’Yves Saint Laurent, Pierre Bergé est très représentatif de cette gauche “parisienne”, dominante dans les cercles politiques, le monde de la culture et des médias ; il est aussi un visiteur du soir de François Hollande. La question débattue à Europe 1 était celle-ci : dans le cas où Nicolas Sarkozy ferait face à Marine Le Pen au second tour de 2017, que ferait-il ? Sa réponse : contrairement à ce qui s’était passé en 2002 (où la gauche avait voté massivement Chirac contre Le Pen), il ne voterait en aucun cas pour Sarkozy : il s’abstiendrait. Mais alors, Marine Le Pen pourrait être élue ? Et là, Bergé formule une réponse inattendue : de toute façon, dit-il, elle n’aurait pas de majorité pour gouverner… Cette réponse signifie que la gauche a désormais trois choses en tête : pour elle, la présence de Marine Le Pen au second tour est quasi certaine ; dans ce cas, la priorité étant d’éliminer Sarkozy, l’élection de Marine Le Pen ne serait plus une catastrophe nucléaire, l’essentiel étant qu’elle ne puisse pas disposer d’une majorité parlementaire. Qu’est-ce qui peut le garantir ? Sans doute pas l’actuel scrutin majoritaire. Certes, dans le cas où la gauche serait absente du second tour, il y a fort à parier que la bataille serait sévère entre les candidats de droite au sens large et ceux du Front national et que celui-ci aurait bien du mal à constituer une majorité indispensable pour gouverner. Mais on ne peut pas considérer ce cas de figure comme certain. Il faut se rappeler qu’en mai 1981 une partie de la droite chiraquienne (et Jacques Chirac lui-même) avait parié sur l’élection de François Mitterrand contre Valéry Giscard d’Estaing, en calculant que les électeurs modérés, effrayés par cette élection, se ressaisiraient et empêcheraient Mitterrand d’avoir ensuite une majorité à l’Assemblée. En réalité, ces électeurs se réfugièrent dans l’abstention et la gauche s’installa au pouvoir. Ce qui s’est passé pour Mitterrand serait-il impossible pour Marine Le Pen ?

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